Ce livre a été lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les Editions Points.
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Chronique raisonnable
Partie ennui, je dirais que ce sont principalement les scènes avec la femme de Paul au début du livre. C’est d’un ennui atroce. Il faut dire qu’une femme qui fait la gueule, qui a décidé que sa vie était terminée et qui rentre d’elle même dans un asile psychiatrique sans dire exactement pourquoi, ça énerve ! Paul, lui, ne réagit pas, contemple sans broncher la descente aux enfers de sa femme. Celle-ci, dans un moment lucide, lui révèle qu’il n’est pas si loin de cet état. Je me suis demandé, tout comme le personnage, ce qu’elle insinuait. Lui profite encore de la vie alors qu’elle a tout abandonné.
A contrario, le passage de Paul à Los Angeles (l’exil ou l’échappatoire pourrait donc dire) est très revigorant par rapport à Toulouse. J’ai bien aimé la construction progressive de l’adaptation du scénario français en film « hollywoodien » à petit budget. J’adore le fait que tout ça ne soit vraiment qu’une obligation de studio, que les producteurs s’en moquent totalement et qu’ils le font juste pour une histoire de quota. En gros, Paul est payé à glander, à représenter la « France », grand (ex)-pays culturel autre-fois respecté pour ses films et sa musique de qualité.
Hollywood est un cadre magnifique. Il y a des petites apparitions de guest-stars comme Jack Nicholson (et ses crotates sur la cuvette des WCs, ça m’a fait sourire) et Nick Nolte par exemple. Le producteur qui va chercher le « CowBoy d’Amour » à la frontière mexicaine est un bon personnage, bien représentatif de l’idée qu’on se fait du producteur dynamique et sans vergogne. L’auteur nous parle également des wet back, ces mexicains qui ont franchis la frontière mexicaine à la nage ainsi que de la vie des acteurs, des producteurs. Certains passages sur l’industrie pornographique m’ont faire sourire. Notamment quand le producteur de cinéma dit que c’est dommage qu’ils ne puissent pas tourner un film classique aussi vite qu’un film X. Un film X peut se tourner en 1 jour, sans scénario.
« Vous savez combien gagne un scénariste sur la vente d’un DVD à 18$ ? Quatre cents.[…] Quand nos séries passent sur Internet, on ne touche pas un sou. »
En parlant de scénario, j’ai bien aimé le passage sur la grève des scénaristes qui a touché l’industrie cinématographique et télévisuelle américaine. Etant friand de séries-télés, j’ai aussi vécu cette période de l’autre côté, celui de la frustration de ne plus avoir de nouveautés niveau épisodes.
Paul, en tant que scénariste étranger, y jouera d’ailleurs un rôle. J’ai trouvé que l’ambiance y était bien dépeinte. Attention, cependant, on peut se faire spoiler sur la saison 5 de 24. J’ai bien aimé le passage suivant :
« Obama aurait pu jouer un rôle dans la série, et l’acteur prendre sa place dans la course à l’investiture[…] Les frères Palmer avaient ouvert la voie. Barack Hussein Obama Jr. n’avait qu’à avancer sur leurs brisées. Quoi de plus logique, dans le fond, qu’en ce pays des apparences trompeuses et de l’économie virtuelle, la puissance de la fiction eût fini par imposer ses vues à la réalité ? »
Pour info, 24 a maintenant une présidente à la tête de la Maison Blanche (saisons 7 et 8). Peut-être les producteurs sont visionnaires…
« Baise-moi. On a le temps. Fais-mieux que Forrest Gump. »
Voilà le genre de phrase que la fin du bouquin nous apporte. Attention au jeune public donc ! C’est vraiment un bouquin adulte, sombre, à la limite du dépressif. Paul ne reste évidemment pas à L.A. pour le travail mais pour une femme… le double de sa femme déprimée. Sexe, drogue et argent, c’est différent du calme de Toulouse. Note : j’ai découvert le « kombucha », jamais entendu parler avant, ça a l’air bien spécial !
De plus, Paul doit supporter un père qui a changé du tout au tout après la mort de son frère. Il l’a méprisé et jalousé durant toute sa vie car il était riche, avait une belle femme et de belles voitures. Après les funérailles, il prend sa place, sort avec la veuve, hérite de l’argent et part faire des croisières sur son hors-bord (qu’il sait à peine sortir du port). Le plus ironique, c’est qu’il devient comme le Président qu’il déteste (alias Sarkozy, ici appelé la « miette », la Miga). Pendant la durée du livre (1 an), on suit d’ailleurs le parcours du politique, des élections présidentielles à son mariage avec Carla Bruni.
Ce livre est vraiment bien écrit et aborde pas mal de sujets (difficiles quelque-fois). Je n’ai dépeint que les grandes lignes qui m’ont intéressé et il y a de quoi en dire beaucoup plus. Je conseille donc la lecture de ce roman pour plonger dans cet univers atypique.
Note globale : 3,5 / 5
Prochaine critique : « Perdre est une question de méthode » de Santiago Gamboa
Je suis donc la seule à n'avoir pas du tout accroché… Ta critique me donne envie de le relire pour voir si ma première impression change ;)
Hannnnnn tu me donnes envie de le lire!
J'envisage de le lire plus tard quand j'aurai terminé mes partenariats en cours ;)
Bonne critique en tout cas.
j'ai beaucoup aimé moi aussi! Dis donc, voilà bien une critique d'homme: elle est dépressive la femme de Paul, elle fait pas la tête!
Je te tag !
http://maxo0s-readings.blogspot.com/
Merci, c'est gentil de me tagger mais je n'y réponds pas (et Jess non plus d'ailleurs). On n'a pas le temps pour ça, y a déjà les livres à lire et les critiques à faire, s'occuper de Livraddict et tout. Notre temps internet est limité :)
Et on vous remercie tous les deux chaleureusement pour tout ce temps passé à nous faire plaisir.
Du même auteur, j'ai lu "Vous plaisantez Monsieur Tanner". Il est génial: je te le conseille.C'est hilarant.
Toujours pas lu mais mes cops de biblio tournante ont bien aimé, donc je me tâte…
On me l'avait offert lors de sa sortie et, comme toi, j'avais noté cet aspect sombre vraiment très présent. Au fil de la lecture, j'ai trouvé ça pesant et le personnage de Paul m'a souvent agacée pour son inaction… Pas un mauvais souvenir de lecture, mais plutôt un sentiment de malaise… Etrange…